mercredi 10 décembre 2008

Confidences publiques entre amis

M’inscrire sur Facebook ? Oui, cela fait plusieurs mois que j’ai ouvert un compte. À l’occasion du premier anniversaire des AntiPastiMisti, je force la passerelle entre mon blog et la page de mon profil, avec cette note en l’honneur de « mes amis ». Les anodines « friend request » m’ont valu de faire face à des retrouvailles pas toujours souhaitées : de ceux que j’avais oubliés à ceux que j’avais enfouis, niés ou pas du tout envie de voir. Retour sur quelques victoires quasi-thérapeutiques…

Première étape, première victoire, fin août début septembre : je crée un compte. J’ai vaincu les a priori intellectuels de mon éducation bourgeoise brabançonne et universitaire « A quoi ça sert ? Non, mais vraiment vous avez le temps ? Ce n’est pas pour moi ces conneries exhibis. Sans parler de la confidentialité ! ». Qui peut critiquer sans avoir essayé ? Me voilà à l’eau, dans le bain de la socialisation facebookienne. Mon compte en banque n’est pas vide. Personne n'est venu dévaliser ma maison. Je n’ai pas été inondé des publicités.

La deuxième victoire, quelques semaines plus tard, c’est d’avoir refusé la demande d’une personne que je ne souhaitais pas compter parmi mes « amis ». Anne-Françoise n’est pas mon amie. Pas question de dire oui. Je me sentais réglo. Mine de rien, c’est un cap à franchir dans cet espace conventio-virtuel du « tout pour plaire ». Tragi-comique outil d’autopromotion, j’avais petit à petit trouvé mon mode de fonctionnement. J’ose à peine l’avouer, je commençais à prendre plaisir à cultiver cet espace, le futile, le temps libre, l’enfantillage, la créativité, le « maintenant ». Une nouvelle petite victoire à l’heure du « impérieux, rationnel, utile » de mon milieu de travail : « sauver la planète, c’est du sérieux ».

Petit à petit, la machine à amis de Facebook se met en place. Le moteur social me propose régulièrement des « amis d’amis », susceptibles d’être, selon le vieil adage, également mes amis. Je garde des reflexes du stade « méfiance » de ma vie sur Facebook. Je fuis les réseaux scolaires, scouts et universitaires comme la peste. Pourtant, même si je n’allais pas vers les gens, Facebook allait me les amener. La vraie partie de la thérapie allait commencer. Des fantômes de mon passé surgissent, remuant des émotions diverses et d’une puissance surprenante! La première onde du choc s’appelle Valérie Beths. Imaginez-vous que tout d’un coup, vous réalisez avoir pris 30ans dans la figure. J’avais perdu de vue cette gamine qui venait jouer chez moi tous les mercredis après-midi et que ma mère accueillait comme son 3eme enfant. J’avais même oublié son existence. Quel bonheur ! Cette présence me faisait chaud au cœur…et me foutait un énorme poing dans les rides. Vint ensuite Philippe Flamine, celui que j’avais essayé, en vain, de suivre depuis ma fuite de l'ichec. Je croyais que le hasard avait décidé de nous séparer, en guise de punition. Le voilà, 15 ans après qui frappe à ma porte internet. Trois mails et quelques semaines après, nous nous retrouvons autour d’un verre, bien ancré dans le présent et l’amitié, parlant de la future fête de la pomme à Martinrive.

Dans la catégorie « Es-tu vraiment mon ami ? », la palme revient à « mon père ». Difficile de nier une demande pareille, vous en conviendrez. Alors, j’ai accepté d’être son ami. Et mes collègues? Je n’ai toujours pas osé adressé une demande à Magali et son silence témoigne d’une embarras mutuel et risible à aborder la question.

Oui, j’ai aussi cédé à quelques nostalgies de bon aloi, je l’avoue sans honte. De mon Erasmus catalan, j’ai retrouvé avec Gilles qui, 10ans après, connaît encore l’hymne du FC Barcelone.
De l’époque Skate or die, je n'ai pas retrouvé Naoufal Bedraoui. Mais je le croise à 300m du bureau. Après un thé à la menthe et une demi-heure de semi sincérité, le doute subsiste. Serons-nous amis avec 20 ans de sac de nœuds pas encore défaits? Pas si simple, la vie…

Quelques semaines après, je reçois un message de paix de la part de Stéphane Michiels qui me demande d’être son ami. Sous mes airs de gros durs en baskets, je suis totalement désarçonné. OUI, Smic ! Je veux être ton ami. Si j’ai fait la paix avec toi, on ne se l’est jamais dit entre quatre yeux. Je le crie et l’écrit par la présente : je suis l’ami de Stéphane Michiels. Quel malentendu stupide. Le mythe est mort. Merci cher ami !

Période un peu sombre de ma vie, la tranche 17-19 ans m’a laissé plusieurs blessures mal cicatrisées. À ce titre, la conversation récente avec Stéphanie Gallo représente la plus belle victoire sur ce passé que m’a offert Facebook. Après une recherche sans succès, la voilà qui apparaît quelques semaines plus tard dans ma boîte à message. Échange de numéro, appels en absences et finalement une conversation...Deux adultes parlent et je sens un nouvel équilibre naître en moi. Le passé est chargé de démon qu’on s’est créé. Autant d’ennemis diffus que je viens de terrasser. Je n’avais pas prémédité ça, mais ce putain de site a contribué à une série de belles rencontres.

Il y a une semaine, Géraldine Meeus, m’a demandé d’être son ami. Formidable. Vais-je enfin créer une rencontre avec ma voisine? Quel pied de nez au passé...Je suis impatient de connaitre la suite.

À la santé des relations humaines, richesse ultime de notre existence éphémère. À la tienne, lecteur imaginaire et anonyme...

1 commentaire:

Gregory Bronchart a dit…

Ta plume est toujours aussi plaisante à suivre Martin!

A vendredi!
Greg