lundi 24 novembre 2008

bon pour un repas trop bon

A ceux qui détestent le mot « BIO », car ils trouvent ça compliqué, cher, pas toujours logique. A ceux qui pensent que Slow Food est réservé à l'élite bobo. A ceux qui s’y perdent face aux questions climatiques, éthiques, équitables et qui ne savent plus quoi mettre dans leur assiette sans se ronger les sangs. Il est temps de faire une halte chez « Trop bon ». Les deux chef(fe)s sont parvenues à offrir un condensé de l'assiette durable, gourmande et démocratique dans un cadre chaleureux et zen, comme aucun autre lieu à Bruxelles! C'est un pro qui vous le dit: ce lieu est unique en son genre...

samedi 22 novembre 2008

Mobilisez vous en commun

Rue de stalle, 9h, ce vendredi, assis à l’arrêt du tram 4. Dans mon dos, une file de voitures immobiles s’étend à perte de vue vers le centre. Ça doit pas etre amusant de se tapper ça tous les jours ! Cela dit, ma situation n’est guerre plus enviable. Je suis assis dans le froid, je viens de louper le tram et je ne suis pas sur d’arriver à mon rendez-vous à l’heure. Grisaille de novembre. Silence urbain en fond sonore. Je serais sans doute mieux au chaud avec un gentil animateur radio qui essaie de me faire sourire. Je m’assoupis.

Soudainement des cris derrière moi. Je me retourne pour découvrir deux excités motorisés descendus de leurs chars pour s’étriper de grand matin. Des « Joue pas au con avec moi ! » succèdent à des « ta gueule ! » et autres petites touches nerveuses à la « je vais t’empoigner si tu continues » qui frisent avec les coups de poings. Une phrase me marque « C’est MOI qui passe d’abord ». Cet automobiliste d’origine turque et ce camionneur flamand ne voient pas leur public silencieux, aveuglé par leur Ego furieux. Les deux coqs rentrent ensuite dans leur poulalier et se remettent en vrombe bruyamment. Ridicule sauvagerie. Lutte surréaliste de micro mètres / secondes de trafic. Le calme reprend le dessus.

Une vieille personne s’approche de moi et je me resserre sur le banc pour la laisser s’asseoir. Un « merci » s’échange avec un sourire...Ce « MOI » crié par le camionneur flamand me revient à l’esprit. Ce besoin d’existence hurlé, cette peur, ce nombrilisme me surprend. Pourquoi ? Comment ? Etre un automobiliste au quotidien a un côté pervers. Comme si l’univers de votre existence sur la route se réduisait progressivement au pourtour de votre véhicule. La notion d’autrui finit par rimer avec « autres voitures » et tout ce qui est « extérieure » à votre bulle en acier est synonyme de rivalité, voire en cas de conflit un « ennemi à vaincre ». Je respire et je me relaxe progressivement. Prendre les transports en commun au quotidien a bien un mérite, au contraire. Être contraint de partager « sa » bulle avec la présence d’autres est « pénible », me dit-on parfois. Je ne partage pas cet avis. Après un incident pareil, j’y vois meme une vrai chance. Je partage, je vis ensemble. Je me sens en lien avec tous les autres passagers et progressivement à tous les passants. Je les regarde autrement: vieux tout mous, noirs de toute l’afrique, beurs surexcités, enfants pleurants, polonais ténébreux, étudiants bruyants, bourgeois égocentriques. Tout ce monde mélangé et sagement assis dans cette bulle filante sur site propre… Je les aime ces sales tronches bigarrées du matin. Ils sont ma famille.

vendredi 14 novembre 2008

Vies Dessinées


Alcoolisme, Pédophilie, Guerre, Immigration...c'est pas une intro folichonne. j'arrête là? La BD s'est ouverte ces dernières années à de nouveaux auteurs, de nouvelles histoires, des genres inédits. Je sors de la lecture de la très puissante autobiographie de Etienne Schréder - Merci Marie ("Amères saisons"). Et j'en profite pour signaler une autre autobio magnifiquement illustrée: "Pourquoi j'ai tué Pierre" .

Plus légers, mais tout aussi réussi, lisez "Là où vont nos pères", belle allégorie futuriste sur l'immigration (Tan Shaun, Dargaud)

jeudi 6 novembre 2008

Ceci n’est pas un rêve américain

Il m’a fallu 24h pour digérer l’info. Ou plutot pour qu’elle m'éclate à la figure... « enfin ». Comme si l’annonce à la radio hier matin n’avait pas suffi. « Barak Obama est le nouveau président des Etats-Unis ». Comme si cette voiture, hier après-midi, sur le boulevard du Botanique avec 4 noirs claxonnant à tue-tete enveloppés dans la bannière étoilée venait d’un autre monde. Comme si les sms, mails ou commentaires sur Facebook, toute la journée, étaient trop virtuels. Comme si mon fils de 5 ans prononçant « Barak a gagné?» appartenait à un futur trop lointain. Comme si ce n’était en fait pas possible. Comme si je ne voulais pas y croire…

Ce matin, un mur de journaux chez un libraire s'est coloré de noir et blanc. Je m’assied dans le train et ouvre ces 16 pages de supplément…Le déclic s’opère enfin. Un miracle s’est bel et bien produit. Je lève aussitôt les yeux et croise le regard d’un inconnu qui lit un métro néerlandophone avec la même "Une". Je ne résiste pas à l’envie de lui exprimer ma joie en brisant le sacro-saint silence ferroviaire matinal. Le sourire flamand accueille mon élan par une réponse timide, mais sincère « Een echte goeie nieuws, inderdaad ! ». Oui, c’est une nouvelle extraordinaire.
Silence à nouveau…J’ai envie de pleurer de joie et je lache mes larmes de joie. J’ai envie de m’arrêter et de se savourer cette « information », de la faire durer, de m’y accrocher. Je m’arrête, je souris et me lance dans ce texte plein d’allégresse.

Je suis heureux de vivre cet instant de rêve…qui n’a rien d’américain. Je ne suis pas américain. Obama n’est pas belge, ni européen. Je me sens partie de cette victoire, au-delà des genres, des nations, des races…Aux noms des minorités dont nous avons tous souffert un jour. Enfant et adolescent, j’ai pleuré les injustices de la « couleur pourpre » de « Mississipi Burning » ou de la Shoah. Adulte, j’ai pleuré en lisant « I have a dream » de Luther King, j’ai pleuré ces destins tragiques de Gandhi, de JFK ou de Samira Adamou. Je souffre des injustices infligées aux minorités, quelles que soient leur couleur ou leur origine, passées ou présentes, en bas de ma rue, à nos frontières blindées ou à l’autre bout du monde. Aujourd’hui, rien n’a changé. Je rêve encore. La seule différence est qu’un de ces rêves est devenu réalité. Un monde meilleur existe. Il est en chacun de nous. Il dort, inconnu ou étouffé. Je vis dans ce monde et je crois dans le potentiel humain de chacun. Yes, we can. Yes, mec!