jeudi 6 novembre 2008

Ceci n’est pas un rêve américain

Il m’a fallu 24h pour digérer l’info. Ou plutot pour qu’elle m'éclate à la figure... « enfin ». Comme si l’annonce à la radio hier matin n’avait pas suffi. « Barak Obama est le nouveau président des Etats-Unis ». Comme si cette voiture, hier après-midi, sur le boulevard du Botanique avec 4 noirs claxonnant à tue-tete enveloppés dans la bannière étoilée venait d’un autre monde. Comme si les sms, mails ou commentaires sur Facebook, toute la journée, étaient trop virtuels. Comme si mon fils de 5 ans prononçant « Barak a gagné?» appartenait à un futur trop lointain. Comme si ce n’était en fait pas possible. Comme si je ne voulais pas y croire…

Ce matin, un mur de journaux chez un libraire s'est coloré de noir et blanc. Je m’assied dans le train et ouvre ces 16 pages de supplément…Le déclic s’opère enfin. Un miracle s’est bel et bien produit. Je lève aussitôt les yeux et croise le regard d’un inconnu qui lit un métro néerlandophone avec la même "Une". Je ne résiste pas à l’envie de lui exprimer ma joie en brisant le sacro-saint silence ferroviaire matinal. Le sourire flamand accueille mon élan par une réponse timide, mais sincère « Een echte goeie nieuws, inderdaad ! ». Oui, c’est une nouvelle extraordinaire.
Silence à nouveau…J’ai envie de pleurer de joie et je lache mes larmes de joie. J’ai envie de m’arrêter et de se savourer cette « information », de la faire durer, de m’y accrocher. Je m’arrête, je souris et me lance dans ce texte plein d’allégresse.

Je suis heureux de vivre cet instant de rêve…qui n’a rien d’américain. Je ne suis pas américain. Obama n’est pas belge, ni européen. Je me sens partie de cette victoire, au-delà des genres, des nations, des races…Aux noms des minorités dont nous avons tous souffert un jour. Enfant et adolescent, j’ai pleuré les injustices de la « couleur pourpre » de « Mississipi Burning » ou de la Shoah. Adulte, j’ai pleuré en lisant « I have a dream » de Luther King, j’ai pleuré ces destins tragiques de Gandhi, de JFK ou de Samira Adamou. Je souffre des injustices infligées aux minorités, quelles que soient leur couleur ou leur origine, passées ou présentes, en bas de ma rue, à nos frontières blindées ou à l’autre bout du monde. Aujourd’hui, rien n’a changé. Je rêve encore. La seule différence est qu’un de ces rêves est devenu réalité. Un monde meilleur existe. Il est en chacun de nous. Il dort, inconnu ou étouffé. Je vis dans ce monde et je crois dans le potentiel humain de chacun. Yes, we can. Yes, mec!

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