mercredi 24 septembre 2008

Des arbres et des hommes

« Dans une vie, un homme doit faire trois choses : avoir un enfant, écrire un livre et planter un arbre ». (relire cette phrase plusieurs fois si nécessaire, en respirant profondément entre chaque lecture).
Lue dans « Le combat ordinaire » (ou était-ce le « retour à la terre » ?) de Larcenet, cette phrase puissante me laisse un sourire ému. Ce WE, j’ai planté 6 petits arbres à Martinrive, avec mes enfants. C’est vrai que j’aimerais bien écrire un livre.

samedi 6 septembre 2008

Mes vacances chez les cochons

J’ai passé une semaine avec des amis dans un gîte à la ferme, près de Ciney. Une belle réussite : trois familles réunies, des enfants, des célibataires, des jeux, des Rochefort, du temps belge….et des cochons. Oui, je n’ai pas précisé, mais la ferme (l’exploitation agricole conviendrait mieux) s’est spécialisée dans l’engraissement de porcs (et les pommes de terre). De quoi faire un superbe boudin-purée, non ? Tout à fait ! Cette ferme est bel et bien un fournisseur important de viande de porc et elle fournit la région en pdt épluchée et frites. Un business tout à fait réglo qui semble bien se dérouler, à en croire le nouvel investissement d’un hangar moderne pour accroitre leur cheptel de 200 têtes supplémentaires.

Au début de la semaine, j’en riais. « Tout est bon dans le cochon », pas vrai ? Je mange de la viande, même si j’ai définitivement arrêté les fricadelles, depuis que j’ai vu l’usine Viangros à Anderlecht. Par contre, je mange volontiers une saucisse campagne, spare-rips et je craque pour le boudin de liège. Je ne peux donc pas cracher dans la maquée, comme mon papa dit dans ces cas-là.
Le troisième jour, j’ai finalement été visité l’étable avec mes enfants. La vieille étable, dois-je préciser. Ce fut une des pires expériences de ma vie. Une vision d’enfer : le noir total et le sol remplis de gros porcs blancs couchés au sol, levant péniblement la tête à notre arrivée. Une odeur de mort : la merde, aigre, pinçante, étouffante. Une chaleur épouvantable. J’ai tenu moins d’une minute dans ce cocktail abominable.
A nouveau, j’en riais…mais que faire d’autre ? Pleurer ? Puis progressivement, un doute s’est installé. Est-ce que ce que j’ai vu est « normal » ? non, oui, peut-etre, pas tout à fait...putain...

« En-graisse-ment de PORCS » C’est lourd à lire, hein? Non ? ça vous fait sourire? Les porcs, c’est gros, ça mange de tout. C’est normal que ça grossisse, non ? Notre culture a érigé le porc au statut de gros mangeur et si il est gros, c’est « normal »: Les 3 p’tit, la tire-lire, les flamands de Brel. Et puis, on a besoin de viande pour manger, non ?..mwouais…le doute me poursuit. Derrière ces images légères et notre confort de prédateur dénaturé, j’ai l’impression que quelque chose cloche.

La ferme engraisse un porc en 3 mois. Il arrive avec un poids de 30 kg et ressort à 120kg. Il triple donc son poids en trois mois. Pire ! Il prend un kilo par jour... Son unique alimentation est une farine animale industrielle. Le cochon ne sait presque pas marcher tellement il est lourd. Le moindre choc cardiaque lui est fatal. Pour éviter toute bagarre ou agressivité, sa nourriture et alliée à des calmants. Dans le même esprit, on lui coupe sa mythique queue en tire-bouchon, risque trop gros d'incident dans la "procédure" d'engraissement.
Je mange ça? Cette horreur sans nom? Pour quoi et pour qui on les engraisse ? Qui les transforme en autant d’aliments débiles? Nous ingurgitons cette insulte sans même plus nous poser de question sur les étapes préalables au rayon du supermarché. Homme ! Espèce de lâche paresseux. Regarde le merdier que tu as mis en place pour te donner bonne conscience.

Mes vacances chez les cochons sont une belle réussite. Quand je vois un saucisson, je pense à ces vies de porcs et j’ai plus envie d’en manger. Je ne cautionne pas un système d’alimentation indigne de la vie, aussi boueuse et vulgaire soit-elle. Grâce au regard de ce cochon dans cet étable noire puante, je me sens plus juste, plus harmonieux en me tournant vers l’alimentation bio et en mangeant moins de viande. Et je plains tous ceux qui soupirent exaspérés la fin de cette note, car c'est d'abord eux-mêmes qu'ils nient.